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Amélioration de la survie des greffons rénaux et accès facilité à la transplantation : le résultat d’un travail de recherche multi-équipes

La greffe rénale est le traitement de référence de l’Insuffisance Rénale Chronique (IRC). Elle permet l’amélioration de la durée et de la qualité de vie des patients. Au CHU de Montpellier, l’activité de transplantation rénale n’a cessé de croître depuis 20 ans, ce qui le place aujourd’hui parmi les premiers centres français.

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Service : Urologie et Transplantation rénale

En parallèle de l'activité clinique, les équipes du Pr Rodolphe THURET (urologie et transplantation rénale) et celle du Pr Moglie LE QUINTREC DONNETTE (néphrologie, soins intensifs, dialyse et transplantation) ont développé des techniques innovantes et des projets de recherche.

La transplantation rénale sous toutes ses facettes

Toutes les pratiques de transplantation rénale peuvent être proposées aux patients : greffes à partir de donneurs décédés en état de mort encéphalique, celles issues de donneurs après arrêt cardiaque dans les suites d'une limitation des thérapeutiques en réanimation (donneurs Maastricht 3), greffes à partir d'un donneur vivant, greffes ABO-incompatibles, transplantation des patients à haut risque immunologique, greffes combinées rein-pancréas chez le diabétique de type 1, greffes combinées rein-foie et rein-cœur.

La transplantation avec un rein issu d'un donneur vivant doit être développée, car les résultats sont meilleurs qu'en transplantation avec des reins de donneurs en état de mort encéphalique. Au CHU de Montpellier, le pourcentage de donneur vivant est de 20%, pourcentage supérieur à la moyenne nationale qui est de 12%.

C'est dans cette perspective que la néphrectomie manuellement assistée a été mise en place par l'équipe d'urologie.

Une technique chirurgicale qui accélère la disponibilité du greffon

La néphrectomie « Hand-Assisted » ou manuellement assistée permet de cumuler les avantages de la cœlioscopie et ceux de la chirurgie ouverte en termes de sécurité grâce à la main introduite dans l'abdomen. La main intra-abdominale dans le disque utilisé pour cette technique permet d'écarter, d'exposer, mais aussi de disséquer (photos). Elle permet clairement, en étant active chez un opérateur entrainé, d'aller plus vite qu'en cœlioscopie classique. 

Le greffon, objet de toutes les attentions des équipes du CHU

L'analyse de la survie des greffons réalisée par l'agence de la biomédecine place le CHU de Montpellier en tête avec la meilleure survie rénale de France après 5 ans de greffe. Ces excellents résultats sont obtenus grâce à une équipe chirurgicale experte, une excellente coordination médico-chirurgicale, une prise en charge médicale assurée par les néphrologues tout au long du suivi de la maladie rénale. La mise en place d'un accueil et d'une équipe dédiée très réactive et disponible 24H/24H renforce le soutien et l'accompagnement apportés aux transplantés. L'implication de nombreux professionnels du CHU qui collaborent au quotidien à la réalisation de la greffe rénale est également essentielle : anesthésistes, pathologistes rénaux, immunologistes, radiologues et virologues.

 

Une liste d'attente en plein essor

L'accès à la liste d'attente pour les candidats à la greffe s'est considérablement développé ces dernières années : 340 inscrits sur la liste en 2014, ils sont actuellement 1050. Cette progression fait suite à la réponse à un appel d'offre de l'ARS et au pilotage d'un projet en partenariat avec les centres de dialyse de la région, dont l'objectif était d'améliorer l'accessibilité à l'inscription sur la liste d'attente en Occitanie-Est, et ainsi de diminuer le délai entre l'initiation de la dialyse et l'inscription. L'utilisation d'un nouvel outil de communication entre les centres de dialyse et le CHU de Montpellier a également considérablement amélioré la rapidité et la qualité de la communication entre les structures. L'augmentation de la liste d'attente a bénéficié principalement aux plus de 50 ans et plus particulièrement aux plus de 65 ans qui ont désormais un meilleur accès à la transplantation rénale.

 

En parallèle la recherche se développe   

Dans le même temps, une dynamique de recherche clinique et fondamentale s'est développée avec la création d'une équipe dédiée à la recherche clinique, la mise en place d'une bio-collection et la formation d'une équipe installée à l'Institut de Médecine Régénérative et Biothérapie (IRMB). La recherche translationnelle qui en résulte contribue ainsi à l'amélioration des résultats de la transplantation rénale et à l'amélioration de la survie des greffons.

Deux axes de recherche sont développés : le rejet humoral et les maladies rénales rares présentant un risque de récidive sur le greffon (troisième cause de perte de greffon).

 

Le rejet humoral, première cause de perte des greffons

Le principal facteur de risque de rejet humoral est la présence d'anticorps dirigés contre les antigènes du donneur (DSA) responsables de l'agression des cellules bordant les vaisseaux du rein greffé appelées cellules endothéliales. Les équipes montpelliéraines viennent de montrer que la modification de la glycosylation des DSA (type de sucre présent sur l'anticorps) influence la dangerosité des anticorps et est associée au risque de perte de greffon. Cette découverte a été présentée dans différents congrès internationaux et a été publiée dans le journal de référence en transplantation (Pernin V et coll., Am J Transplant. 2022 Mar;22(3):865-875). Ces données ont été obtenues dans un modèle in vitro de culture de cellules endothéliales au laboratoire IRMB et très prochainement sur un modèle in vivo, modèle de transplantation rénale chez la souris unique en France, modèle en cours de mise au point par le Dr François IBORRA, urologue, et Anthony CHAUVIN, Ingénieur de Recherche en laboratoire (Illustration).

 

 

Les récidives de maladies rénales rares, deuxième grand axe de recherche

En constituant un centre des maladies rénales rares de l'adulte en collaboration avec le centre de néphrologie pédiatrique, une expertise nationale et internationale est née sur des pathologies rénales rares liées à une dérégulation de l'immunité innée. Des protocoles d'étude des thérapeutiques innovantes favorisent le recrutement et le suivi de patients venant de Montpellier et d'autres régions. Les travaux réalisés dans ce domaine ont permis une avancée dans la compréhension des maladies rénales rares. Ainsi a été récemment découvert le premier anticorps ciblant une nouvelle protéine (la contactine) chez des patients présentant à la fois une maladie rénale (« une glomérulonéphrite extra-membraneuse ») et une maladie neurologique (« une polyradiculonévrite ») (Le Quintrec M et coll., Kidney Int. 2021 Dec;100(6):1240-1249). La meilleure compréhension associée à la mise en œuvre de traitements spécifiques dans les pathologies rares permettent de prévenir les récidives.

 

Cette dynamique enthousiasmante de recherche stimule et passionne l'équipe conduite par le Professeur Moglie LE QUINTREC-DONNETTE dont les travaux permettent et permettront d'améliorer directement la prise en charge des patients greffés rénaux.