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La préservation du greffon au cœur des préoccupations de l’équipe de transplantation cardiaque

L’équipe pluridisciplinaire de transplantation cardiaque se lance dans un projet de recherche ambitieux visant à améliorer la préservation et l’évaluation des greffons cardiaques.

Publié le

Service : Chirurgie cardiaque

La transplantation cardiaque à Montpellier, une aventure débutée dans les années 1980 !

La première transplantation cardiaque a été effectuée au CHU de Montpellier en 1986 par le Pr André THEVENET. Cette activité s'est ensuite pérennisée sous l'impulsion du Pr Bernard ALBAT rejoint rapidement par le Pr Jean-Marc FRAPIER qui a désormais passé le flambeau au Pr Roland DEMARIA. Cette activité, longtemps portée par les chirurgiens cardiaques, bénéficie aujourd'hui d'une structuration pluridisciplinaire sous l'impulsion du Pr François ROUBILLE et du Dr Pascal BATTISTELLA (cardiologie) et du Pr Pascal COLSON et du Dr Philippe GAUDARD (Anesthésie-Réanimation). 35 ans après ses débuts, 20 greffes sont réalisées chaque année au CHU avec un taux de survie à un an estimé entre 90 et 95%, ce qui place notre établissement au 5ème rang national.

Les constats

Dans le traitement de l'insuffisance cardiaque avancée, la transplantation cardiaque reste la méthode de référence. Mais du fait de la pénurie de greffons, on observe un prélèvement croissant de greffons dits marginaux qui avec le temps d'ischémie froide sont des éléments favorisant la défaillance primaire du greffon lors de la transplantation, le greffon est soumis à des phénomènes d'ischémie-reperfusion. Le but de la préservation cardiaque est de limiter cette agression. La pratique habituelle est une préservation statique en réalisant une cardioplégie froide à 4°C, limitant le temps d'ischémie à 4 heures. Les machines de perfusion normothermique au sang oxygéné du greffon cardiaque ex-vivo augmenteraient théoriquement la durée et la qualité de préservation.

La colchicine, agent anti-inflammatoire pléiotrope, possède également, selon les travaux de recherche récents menés au sein de l'équipe, un effet cardioprotecteur après un évènement coronarien aigu : diminution de la taille de l'infarctus sur un modèle expérimental de ligature de l'artère coronaire gauche chez la souris, diminution des évènements cardiovasculaires chez l'homme après infarctus du myocarde.

 

Une double hypothèse à tester

Faisant le lien entre ces propriétés et la nécessité de mieux protéger le greffon cardiaque soumis à une épreuve d'ischémie-reperfusion, il semble pertinent de tester la double hypothèse :

  • Amélioration de la préservation du greffon cardiaque en perfusion normothermique oxygénée ?
  • Diminution des phénomènes d'ischémie-reperfusion avec un prétraitement par la colchicine selon les deux modalités de préservation ?

Le projet de recherche implique tous les acteurs médicaux et paramédicaux (perfusionnistes) de la transplantation cardiaque de l'hôpital Arnaud de Villeneuve qui réaliseront les expérimentations animales après une formation à la technique de perfusion normothermique oxygénée du cœur isolé au CCML (figures).

 

Deux groupes tests

Deux groupes de 12 cochons mâles seront nécessaires : l'un dédié à l'ischémie froide d'une durée de 4 heures suivie de 2 heures de reperfusion chaude et l'autre dédié à la perfusion au sang oxygéné en normothermie pendant 6 heures. Dans chaque groupe, 6 animaux seront prétraités par colchicine et 6 autres par un placébo. Les analyses biochimiques, d'homéostaise calcique et de fonction musculaire myocardique seront effectuées en laboratoire.

 

La réalisation de ce projet associant les compétences des différentes spécialités permettra de fédérer encore plus cette équipe dans le but d'améliorer l'accès et les résultats de la transplantation cardiaque pour leurs patients.

 


Ce projet de recherche est réalisé en association avec le laboratoire de Physiologie et médecine expérimentale du cœur et des muscles, PhyMedExp, l’Unité Mixte de Recherche UMR 1046 INSERM, le CNRS et l’Université de Montpellier et en collaboration avec le Centre Chirurgical Marie Lannelongue (CCML).