La Coqueluche

Histoire de la maladie

La coqueluche est une maladie respiratoire très contagieuse due à des bactéries du genre des Bordetella (Bordetella pertussis et Bordetella parapertussis)(9,35). Les premières descriptions de la maladie datent du XVIème siècle par Guillaume de Baillou lors de l’épidémie de Paris en 1578 qui s’étendit par la suite au reste de l’Europe. Par la suite, de nombreuses descriptions sont réalisées au cours du XIXème siècle. En 1900, J. Bordet et O. Gengou ont découvert l’agent pathogène dans une expectoration d’un enfant de 5 mois. La bactérie a été isolée en 1906 par ces mêmes personnes. La coqueluche est la maladie la plus meurtrière chez les nourrissons de moins de 6 mois (6,36,37).

Eléments de clinique

La coqueluche est une maladie bactérienne très contagieuse qui se transmet de personne à personne en particulier par les gouttelettes de la toux. La forme typique de la maladie se manifeste par une toux sans fièvre devenant quinteuse, épuisante et répétée de jour comme de nuit pendant plusieurs semaines. Ces quintes peuvent entraîner des vomissements. La maladie peut être grave chez les bébés, les femmes enceintes et les personnes âgées. Les nourrissons sont le plus souvent contaminés par un adulte (50 % des cas par l’un des parents).

Chez le nourrisson non vacciné (surtout si inférieur à 3 mois), la coqueluche déclenche des accès de toux mal tolérés entraînant des difficultés respiratoires importantes, une asphyxie et un ralentissement du rythme cardiaque. Les autres complications à cet âge sont les surinfections pulmonaires, les complications neurologiques (encéphalopathie coqueluche aiguë) et la dénutrition.

La coqueluche dite maligne se traduit par une détresse respiratoire suivie d’une défaillance de plusieurs organes (foie, rein, cerveau…). Cette forme est responsable de la quasi-totalité des décès déclarés liés à la coqueluche. 

Chez l’enfant anciennement vacciné ou chez l’adulte, l’immunité est perdue progressivement expliquant les différentes présentations de maladie allant de la forme typique à une simple toux. Chez l’adulte, le diagnostic devrait être évoqué devant une toux sans cause évidente persistante ou s’aggravant au-delà d’une semaine. Le diagnostic chez les adultes est trop souvent méconnu (9,22,35,38). La maladie n’est pas immunisante, il est possible de contracter plusieurs fois la coqueluche (38).

Le vaccin

Histoire

Les premiers vaccins contre la coqueluche ont été développés dès 1940 aux Etats-Unis. Avant la vaccination il s’agissait d’une des maladies infantiles les plus courantes.

De nos jours il existe 2 types de vaccins :

  • Les vaccins anticoquelucheux à germes entiers :
    • Ce sont les premiers vaccins utilisés et qui ont été créés en 1943 aux Etats-Unis. Il s’agit d’un vaccin peu onéreux et qui est le plus utilisé dans les pays en développement. Cependant, il contient des substances réactogènes responsables d’effets secondaires. Ce vaccin n’est plus disponible en France depuis 2006.
  • Les vaccins anticoquelucheux acellulaires : 
    • Ces vaccins ont été développés au Japon en 1981. Ils ont une meilleure tolérance et une efficacité semblable aux vaccins à germes entiers. Ils sont plus onéreux que les vaccins à germes entiers (6,22,36,37).

Conséquences

Les vaccins ont été introduits en France en 1959. La vaccination s’est généralisée en 1966 grâce à l’association sous forme combinée avec la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Depuis cette période, la chute du nombre de cas et de décès dus à la coqueluche a été majeure (voir figure 8).

La durée de protection est estimée entre 5 et 6 ans pour les enfants. L’efficacité du vaccin varie entre 85% et 100% selon les études. Les rappels ultérieurs sont donc impératifs. La coqueluche, comme toute maladie contagieuse, connaît des cycles que la vaccination ne peut briser totalement sans avoir une couverture vaccinale suffisante garantissant une immunité de groupe permettant l’arrêt de la transmission. Bien que les nourrissons soient aujourd’hui bien vaccinés, la bactérie circule toujours chez les adolescents et les adultes. Ces derniers ne sont plus protégés à cause de l’atténuation progressive de la protection vaccinale et par le moindre renforcement de l’immunité par les bactéries circulantes. C’est pourquoi la France a adopté la stratégie du « cocooning » consistant à vacciner les jeunes adultes et futurs parents, principaux contaminateurs des nourrissons. Cette stratégie vise à protéger les nourrissons de moins de 6 mois dont la vaccination n’est pas achevée contre les coqueluches sévères (22,38–40).

La maladie de nos jours

En France

En France, la surveillance de la coqueluche est assurée depuis 1996 par un réseau de 42 services pédiatriques hospitaliers volontaires, Renacoq (environ 1/3 des admissions pédiatriques). D’après leurs données de 1996 à 2015, 2655 cas de coqueluche ont été identifiés chez des nourrissons de moins de 6 mois. Ces cas concernaient des nourrissons de moins de 3 mois dans 65 % des cas en moyenne sur cette période (39).

En France, cinq pics épidémiques sont survenus en 1997, 2000, 2005, 2009, et le pic de 2012-2013. D’après les données du réseau, la létalité est restée stable autour de 1% à 3% par an. L’analyse des carnets de santé parmi les nourrissons hospitalisés a montré que plus de 70% à 80% d’entre eux n’avaient reçu aucune dose du vaccin contre 0% à 2% qui avaient reçu les 3 doses (39).

De 1979 à 2011, 114 décès par coqueluche ont été inscrits sur les certificats de décès. La moyenne est de 3 décès environ par an. Le nombre maximum de décès a été observé au moment des pics de 2000 et 2005 avec 10 décès chez des enfants de moins de 1 an (9).

Dans le monde

La coqueluche est endémique dans tous les pays du monde. Des pics épidémiques sont enregistrés tous les 2 à 5 ans même en dépit des programmes de vaccination et d’une bonne couverture vaccinale. L’introduction de la vaccination a été responsable d’une diminution brutale du nombre de cas et de décès secondaires à la coqueluche chez les enfants.

En 2001, l’Organisation Mondiale de la Santé estimait que 1,3 million de décès ont été évités dans le monde grâce à la vaccination. En 2013, on estimait à 63 000 le nombre de décès chez des enfants de moins de 5 ans (22).

Coqueluche
France
  • Plus de 2600 cas chez des nourrissons de moins de 6 mois dont 65% de nourrissons  de moins de 1996 (début Renacoq) à 2015
  • Environ 3 décès par an
Monde
  • Au moins 60000 décès en 2013 chez les enfants de moins de 5 ans
  • Au moins 1, 3 million de décès évités grâce à la vaccination en 2001
Informations
  • Durée de la protection du vaccin est d'environ 5 ans
  • Stratégie du "cocooning" en France pour protéger les jeunes enfants non encore vaccinés