La Rougeole

Histoire de la maladie

La rougeole est une maladie infectieuse strictement humaine et très contagieuse due à un virus, le Morbillivirus (9).

La première description de la maladie date du Xème siècle par Rhazès, savant persan. La maladie était jusqu’à ce moment confondue avec la variole. La rougeole a frappé pendant des siècles l’Europe, par vagues d’épidémies et fit des ravages.

En 1757, un médecin écossais, Francis Home, eut recours à l’inoculation pour se protéger contre la maladie. Ce procédé est basé sur le même principe que la variolisation.

Au XIXème siècle, le virus est exporté par les colons vers des continents encore épargnés, notamment en Amérique et en Afrique. En 1851, les îles Féroé, proches du Groenland, sont victimes d’une épidémie de rougeole et les 4000 habitants ont été touchés dans les 6 semaines. Seules 5 personnes n'ont pas contracté le virus.

Cette maladie est appelée la « première maladie de l’enfance », et elle est la maladie virale aiguë la plus contagieuse (41,42).

Eléments de clinique

La rougeole est une maladie très contagieuse se transmettant essentiellement par voie respiratoire lors de la toux ou des éternuements. Le virus se transmet soit directement auprès du malade, soit indirectement en raison de sa persistance dans l’air ou sur une surface contaminée par les sécrétions du nez ou de la gorge.
Une personne contaminée peut infecter entre 15 et 20 personnes. Elle peut se manifester à n’importe quel âge. Les malades sont contagieux 5 jours avant et 5 jours après le début de l’éruption.

La rougeole se manifeste par une fièvre avec une toux de plus en plus marquée, un écoulement nasal, les yeux rouges qui pleurent et un malaise général. Après 3 à 4 jours de fièvre, l’éruption cutanée débute. Elle est faite de petites taches rouges légèrement surélevées qui commencent au niveau de la tête (front et derrière les oreilles), puis qui s’étendent progressivement en 3 jours sur l’ensemble du corps. Cette éruption apparaît environ 14 jours après la contamination. La guérison se fait en 2 à 3 semaines. Il n’y a pas de traitement.

Des complications dues au virus ou à des surinfections peuvent survenir telles que des pneumonies, laryngites, otites. Plus gravement, elles peuvent être responsables d’encéphalites pouvant entraîner la mort (1/3 des cas) ou des séquelles (1/3 des cas). Cette complication survient dans 1 cas sur 1000. Les hospitalisations pour complications sont plus fréquentes chez les nourrissons de moins de 1 an, les adolescents et les adultes (9,43–45).
La panencéphalite subaiguë sclérosante (ou maladie de Van Bogaert) est une complication neurologique tardive. Elle survient dans 1 cas sur 100 000 et apparait après une période qui varie entre 4 et 17 ans en moyenne après le début de la maladie. Elle est due à la persistance de l’infection virale à long terme. Les manifestations sont une diminution des capacités motrices, une diminution des capacités cognitives évoluant vers la démence, des convulsions et une ataxie (mauvaise coordination des mouvements). L’évolution se fait inéluctablement vers le décès (46).

Le vaccin

Histoire

Au milieu du XXème siècle, en 1954, J. Enders isole le virus de la rougeole. Le premier vaccin est développé en 1963. Il s’agit d’un vaccin vivant atténué. En 1971, le premier vaccin à 1 dose combiné avec les oreillons et la rubéole est à disposition. En 1989, il est reconnu qu’une deuxième dose est nécessaire (41). 

Conséquences

En France, le vaccin est mis sur le marché en 1966. Il a été intégré au calendrier vaccinal en 1983. En 1986, la combinaison triple rougeole-oreillon-rubéole est recommandée dans le calendrier vaccinal du nourrisson (41,47). 

L’immunité apparaît 10 à 15 jours après la première injection. L’efficacité est proche de 100% après 2 doses vaccinales (43). Le vaccin contre la rougeole a permis de faire baisser le nombre de morts dus au virus dans le monde. En 1980, alors que la vaccination n’était pas encore répandue, le nombre de morts s’élevait à 2,6 millions par an au niveau mondial, alors qu’en 2013 le nombre est descendu à 145 000 (41).

La région des Amériques et certains pays d’Europe ont réussi à éliminer la rougeole. En France, plus de 600 000 cas survenaient chaque année avant la vaccination des nourrissons contre la maladie. Selon une étude, sur trente-cinq années la vaccination a permis d’éviter 11 500 décès, 16 800 encéphalites, 170 panencéphalites subaiguës sclérosantes, 5 000 séquelles neurologiques, 590 000 pneumonies et 1,4 million d’otites (46,43).

La maladie de nos jours

En France

La rougeole était surveillée par le réseau Sentinelle de l’Inserm de 1985 à 2005, date à laquelle la déclaration est redevenue obligatoire (44).

Depuis l’introduction dans le calendrier vaccinal, l’incidence du nombre de cas a diminué jusqu’en 2008. Entre 2008 et 2011, une importante épidémie a frappé la France liée à une couverture vaccinale insuffisante. Sur cette période, environ 22 000 cas ont été recensés. Sur l’année 2011, près de 15 000 cas ont été déclarés dont 16 avec une complication neurologique, 650 avec une pneumopathie grave et 6 décès.

Du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2017, plus de 24 500 cas de rougeole ont été déclarés en France. Le nombre réel de cas survenus se situe aux alentours de 50 000 du fait de la sous-déclaration. Plus de 1500 patients ont présenté une pneumopathie grave, 38 une complication neurologique, et 20 sont décédés. Ces décès ont concerné, pour la plupart des cas, des personnes immunodéprimées qui ne pouvaient se vacciner et que seule l’élimination de la rougeole grâce à une couverture vaccinale élevée (> 95% au niveau nationale) aurait pu protéger.

L’année 2015 a été marquée par un foyer épidémique en Alsace. En 2017, 1 décès a été déclaré chez une jeune fille de 16 ans non vaccinée (9,43,48,49).

Depuis novembre 2017 on note une recrudescence de la rougeole en lien avec un foyer épidémique en Aquitaine. En février 2018, on notait déjà 269 cas dans ce département. Au 14 octobre 2018, 85 départements étaient touchés par la rougeole avec 2805 cas déclarés depuis novembre 2017 dont 637 ont nécessité une hospitalisation et pour 24 de ces patients un séjour en réanimation. Cette épidémie a déjà fait trois décès (50,51).

Dans le monde

Dans le monde, la rougeole reste une cause importante de décès du jeune enfant alors qu’il existe un vaccin sûr et efficace.

La maladie reste fréquente dans les pays en développement notamment en Afrique et en Asie. On estime à plus de 20 millions le nombre de personnes touchées chaque année.

Grâce à la vaccination, le nombre de décès a diminué de 84% de 2000 à 2016. Le nombre de décès à l’échelle mondiale est de 89 780 en 2016, c’est la première fois que le nombre est inférieur à 100 000. On estime à 20,4 millions le nombre de décès évités à l’échelle mondiale pendant cette période (22,52).

Aux Etats-Unis, la rougeole endémique (c’est-à-dire une chaîne de transmission d’une durée de 12 mois ou plus) a été éliminée en 2000. Néanmoins, des importations de rougeole provenant de certains pays endémiques continuent de se produire provoquant des foyers localisés épidémiques. Ces dernières surviennent en raison d’une diminution de la couverture vaccinale (53).

Dans l’Union Européenne, de nombreux pays sont victimes d’épidémies de rougeole. Le pays le plus touché est la Roumanie qui a contracté le plus de cas de la maladie. En effet, du 1er janvier 2016 au 02 février 2018 il y a eu 10 623 cas de rougeole dont 38 décès. Cette épidémie est due à une pénurie du vaccin que le pays a connu ainsi qu’une couverture vaccinale insuffisante (54–56).
D’autres pays européens ont eu une recrudescence de la maladie, comme ce fut le cas pour l’Italie où en 2017 il y eut 4 991 cas qui ont été signalés dont 4 décès (54,55).

Rougeole
France
  • Plus de 600000 cas annuels avant la vaccination
  • Plus de 24500 cas de 2008 à 2017 dont 20 décès (personnes non vaccinées)
Monde
  • Au moins 20 millions de décès évités entre 2000 et 2016
  • Envirion 20 millions de cas par an de nos jours
Informations
  • Epidémies en France et dans le monde dues à une couverture vaccinale insuffisante
  • En France en 2018 : Plus de 2800 cas déclarés au 14 octobre 2018
    • Incidence plus élevée chez les moins de 1 an 
    • Sujets non ou mal vaccinés
    • 3 décès