La Rubéole

Histoire de la maladie

La rubéole est une infection virale contagieuse dont le virus appartient à la famille des Togavirus. Le réservoir est strictement humain (9,60).

La maladie a été décrite pour la première fois au milieu du XVIIIème par des médecins allemands. Elle était considérée comme une forme bénigne de rougeole. La rubéole est de ce fait appelée également la rougeole allemande. Cette maladie a mis du temps à attirer l’attention des médecins car elle n’entraînait que peu de symptômes. Lors d’une épidémie en Australie en 1941, l’ophtalmologiste N.Gregg a été le premier à mettre en évidence les complications fœtales. Il a établi le lien entre la cataracte néonatale et l’infection rubéoleuse chez les femmes en début de leur grossesse. Cette maladie bénigne chez l’enfant est donc redoutable chez la femme enceinte à cause du risque de malformations congénitales (6,42). Aux Etats-Unis, une épidémie en 1964-1965 a été responsable de 12,5 millions de cas de rubéole post-natale, plus de 11 000 morts fœtales et 20 000 enfants environ sont nés avec des malformations de rubéole congénitale. Cette épidémie a stimulé les travaux pour l’obtention d’un vaccin (61).

Eléments de clinique

La rubéole est une maladie virale très fréquente présente partout dans le monde. Le virus se transmet surtout par voie aérienne respiratoire lors de contacts avec une personne porteuse du virus. Il existe une possible transmission indirecte par objets et surfaces fraichement souillés par des sécrétions rhinopharyngées. Dans presque la moitié des cas, les personnes infectées ne présentent pas de signe et transmettent la maladie (60,62).

Lorsque les personnes sont symptomatiques, elles présentent une fièvre avec une sensation de malaise. Une éruption apparaît par la suite sur le visage puis s’étend sur le reste du corps en 24 heures. Cette poussée disparaît sans laisser de trace au 3ème jour. Cette maladie est bénigne, sauf chez la femme enceinte. Elle est responsable de complications avec des graves malformations chez le futur bébé. Ces atteintes congénitales entraînent des lésions cérébrales, un retard mental, des atteintes oculaires à type de cataracte, des atteintes auditives, des atteintes cardiaques… Ces manifestations sont d’autant plus fréquentes que les femmes enceintes contractent l’infection tôt dans la grossesse. Par exemple, le risque de malformations congénitales avant 11 semaines d’aménorrhée (SA) est de 70 à 100% alors qu’il est presque nul après 18 SA. La rubéole peut être également responsable de morts fœtales in utero (9,60,62)

Le vaccin

Histoire

Le virus de la rubéole a été isolé et mis en culture en 1961-1962 par P. Parkman et T. Weller. Le vaccin a été créé en 1969 par S.A. Plotkin. Le premier vaccin à 1 dose combiné avec la rougeole et les oreillons est mis à disposition en 1971 (6,59,61).

Conséquences

En France, le vaccin a été mis sur le marché en 1970 et intégré au calendrier vaccinal en association avec la rougeole en 1983. En 1986, la vaccination rubéole-rougeole-oreillons est recommandée (9). La protection contre la rubéole est de 95% après une dose et presque de 100% après 2 doses. Ces doses même administrées dans la petite enfance protègent les femmes pendant toute leur période de fécondité.

Entre 1976 et 1984 les rubéoles étaient fréquentes au cours des grossesses en France. Depuis la vaccination le nombre de cas a diminué. Des cas d’infections pendant la grossesse persistent néanmoins chaque année pouvant entraîner des interruptions de grossesse et des malformations chez les nouveau-nés. Le nombre de cas a diminué de 80 % entre 2001 (39 cas) et 2006 (7 cas) (62,63). Selon une étude, sur trente années la vaccination a permis d’éviter 3 000 primo-infections rubéoleuses chez la femme enceinte et 300 cas de rubéole congénitale (46).

La maladie de nos jours

En France

En France, seules la rubéole des femmes enceintes et la rubéole congénitale étaient surveillées depuis 1976 par le réseau Rénarub. Depuis le 10 mai 2018, il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire (60). Le nombre d’infections rubéoleuses durant la grossesse est stable depuis 2006 avec moins de 10 cas annuels recensés conduisant à un ratio « nombre d’infections maternelles/nombre de naissances vivantes » < 2 / 100 000. Le nombre d’infections congénitales est inférieur à 5 par an et le nombre de nouveau-nés atteints de rubéole congénitale malformative est inférieur ou égal à 3 par an (60,63).

Dans le monde

Tous les pays sont concernés par la rubéole. Depuis la vaccination, la transmission endémique des Etats-Unis a été interrompue depuis 2009.  Les estimations laissent à penser que le poids du syndrome de rubéole congénitale pour les pays sans politique vaccinale anti-rubéoleuse peut être très important. Par exemple en 1996, il y a eu près de 22 000 rubéoles congénitales en Afrique et près de 46 000 en Asie du Sud-Est. Les pays avec une couverture vaccinale anti-rubéoleuse élevée ont vu cette incidence diminuer (22).

Rubéole
France
  • Le vaccin a permis de passer d'infections fréquentes durant la grossesse à quelques cas isolés
  • Primo-infection rubéoleuse chez la femme enceinte : moins de 10 cas par an depuis 2006
  • Rubéole congénitale : moins de 5 cas par an dont moins de 3 cas par an avec des malformations depuis 2006
Monde
  • Plusieurs dizaines de milliers de cas de rubéole congénitale dans les pays où la couverture vaccinale est très faible