Le Méningocoque

Histoire de la maladie

Les infections à méningocoques sont dues à une bactérie, Neisseria meningitidis. Il s’agit d’un germe strictement humain présent dans la gorge de certaines personnes. Il possède une capsule définissant son sérogroupe. Parmi les douze sérogroupes décrits, cinq d’entre eux sont principalement impliqués dans les infections invasives à méningocoques à savoir le A, B, C, W et le Y (9,75).

La première description de la méningite date du XVIIIème siècle par le médecin écossais R. Whytt. Les premières épidémies apparaissent au XIXème siècle. La première se déclare à Genève en 1805 puis s’étend en Europe et aux Etats-Unis. Depuis 1840, l’Afrique est victime de flambées régulières. En 1885, le bactériologiste autrichien A. Weichselbaum fait la première description de la bactérie responsable, le méningocoque, en l’isolant dans le liquide céphalo-rachidien des malades atteints de méningites. A cette époque la mortalité est de 80%. Des progrès thérapeutiques arrivent dès 1914 avec la sérothérapie de S. Flexner et la découverte des antibiotiques (pénicilline) par A. Fleming en 1928 (71).

Eléments de clinique

La transmission du méningocoque se fait par des contacts proches et prolongés avec un porteur du germe (toux, postillons…). Certaines personnes sont porteuses de la bactérie mais ne sont pas malades (5 à 10% de la population). Dans certains cas, la bactérie peut se multiplier et passer dans le sang (bactériémie). Il s’agit alors d’infections invasives à méningocoques à savoir les méningites et les bactériémies isolées. Elles peuvent entraîner le décès ou de graves séquelles.

Des tâches rouges ou violacées peuvent aussi apparaître et s’étendre très rapidement. Il s’agit du purpura fulminans, complication redoutable, qui est mortelle dans 20 à 30% des cas en quelques heures en l’absence de traitement administré en urgence secondaire à un choc septique. En France, les infections graves à méningocoques touchent environ 1000 personnes par an (2/3 de méningites et 1/3 de bactériémies isolées). Les personnes les plus touchées sont les enfants à partir de 6 mois et les adolescents et jeunes adultes non protégés entre 15 et 24 ans (9,59,75,76).

Le vaccin

Histoire

Les premiers vaccins apparaissent dans les années 1970. Il s’agissait de vaccins polysaccharidiques non conjugués mis en place par E. Gotschlich. L’armée américaine utilisa le vaccin contre le méningocoque chez toutes ses nouvelles recrues lors de la guerre du Vietnam.

A partir des années 2000, il est mis à disposition les vaccins conjugués, d’abord pour le méningocoque C puis un vaccin tétravalent protégeant contre 4 types de méningocoque (A, C, W, Y) en 2005. Ces vaccins sont efficaces chez le nourrisson de moins de 2 ans et permettent d’avoir une action contre le portage de la bactérie dans la population.

La vaccination conjuguée contre le méningocoque C est disponible en France depuis 2001 et est recommandée à l’ensemble des enfants depuis 2010. Le vaccin contre les infections invasives à méningocoques B est disponible en France depuis 2013. Il est recommandé dans certaines situations (épidémies et hyperendémie notamment) mais ne fait pas l’objet d’une recommandation de prévention généralisée (59,71).

Conséquences

L’efficacité des vaccins conjugués contre le méningocoque C dépasse les 90% chez les nourrissons vaccinés. Dans certains pays européens comme l’Espagne, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, il a été constaté que des taux élevés de couverture vaccinale (plus de 80%) jusqu’à 19 ans réduisaient de façon considérable le nombre d’infections invasives à méningocoques C aussi bien chez les personnes vaccinées que chez les autres. En France, le nombre d’infections à méningocoque C a nettement diminué depuis 2003 en passant de 219 cas annuels à 118 en 2015 (76).

La maladie de nos jours

En France

La surveillance des infections invasives à méningocoques repose sur la déclaration obligatoire. La majorité des cas surviennent de manière isolée. La mortalité est de 10 %.

Les principaux sérogroupes sont le B et C avec une prédominance pour le B. La fréquence des souches invasives C connaît des fluctuations cycliques (avec des pics en 1992 et 2002). Le taux d’incidence des infections invasives à méningocoques C est en baisse depuis 2002. Le sérogroupe W a émergé en France en 2000 dans les suites d’une épidémie à la Mecque. Il ne représente pas plus de 5 % des cas de sérogroupe connus depuis 2003.

Depuis 2010, on note une augmentation du méningocoque Y correspondant à 8% des cas pour lesquels le sérogroupe est connu. En 2016, l’incidence des infections à méningocoques tous sérotypes confondus était de 0,79 pour 100 000 habitants soit 526 cas déclarés (0,89/100 000 après correction par la sous-notification). Parmi les infections dues à un sérogroupe connu, 51,6% étaient de sérogroupe B, 26,5% de sérogroupe C, 8,9% de sérogroupe W, 12,3% de sérogroupe Y et 0,8% autres.

L’incidence des infections invasives à méningocoque C reste encore élevée en France (0,20 cas pour 100 000 en 2016) en particulier chez les nourrissons de moins de 1 an témoignant d’une absence d’immunité de groupe. C’est pour cette raison qu’une nouvelle injection est réalisée à l’âge de 5 mois depuis 2017. Entre 2010 et 2015, 77 cas ont eu lieu chez des nourrissons de moins de 1 an dont 28 cas de purpura fulminans et 8 décès. En 2016 et en 2017, 39 nouveaux cas ont été signalés dans cette tranche d’âge dont 5 décès (9,75,77).

Dans le monde

Dans le monde, 6 sérogroupes prédominent dans les infections invasives à méningocoques à savoir le A, B, C, X, W et Y. Ces infections sont fréquemment en situation d’endémie mais peuvent alterner avec de véritables épidémies dévastatrices.

Dans la ceinture africaine de la méningite (qui s’étend du Sénégal à l’ouest jusqu’à l’Ethiopie à l’est), où 300 millions d’habitants sont regroupés, des incidences peuvent atteindre jusqu’à 1000 cas pour 100 000 habitants lors de ces épidémies. Le méningocoque A prédomine mais quelques flambées étaient aussi dues aux méningocoques C et W.

En Europe, le méningocoque B prédomine surtout dans les pays où la vaccination contre le méningocoque C est effective. L’incidence annuelle varie entre 0,2 à 14 cas pour 100 000 habitants. Dans les Amériques, l’incidence varie en 0,3 et 4 cas par 100 000 habitants par an avec une prédominance des sérogroupes B et C.

Les flambées faisant suite au pèlerinage à la Mecque illustrent la façon dont des taux de transmission élevés de méningocoques peuvent voir le jour dans des situations de surpeuplement. Par exemple en 2001, une flambée due au sérogroupe W a eu lieu et ce germe a été propagé dans plusieurs régions (par exemple la Chine et l'Amérique latine) (22).

Méningocoque
France
  • Diminution de presque 50% des cas d'infections à méningocoque C depuis la vaccination
  • Pour le méningocoque C, entre 2010 et 2017 :
    • 116 cas chez les moins de 1 an 
    • 13 décès chez les moins de 1 an
Monde Ceinture africaine de la méningite : des incidences jusqu'à 1000 cas pour 100000 habitants lors des épidémies
Informations Depuis 2017, nouvelle injection à 5 mois pour protéger les moins de 1 an contre le méningocoque C