L'Hépatite B

Histoire de la maladie

L’hépatite B est une infection virale du foie causée par le virus de l’hépatite B (VHB) présent dans les liquides biologiques (9).

Dans l’Antiquité, on retrouve des textes qui décrivent la jaunisse, un des symptômes les plus frappants de l’hépatite. Il faudra attendre le milieu du XIXème siècle pour que le tchèque K. Rokitansky fasse la première description de l’anatomie pathologique des hépatites. Au milieu du XXème siècle, la première ponction du foie permet d’observer les dégâts des virus sur cet organe.

La première épidémie causée par le virus de l’hépatite B a été observée par Lurman en 1885. Un foyer épidémique de variole a été déclaré à Brême (ville portuaire Allemande) en 1883 et des employés de chantiers navals ont alors été vaccinés avec la lymphe d’autres personnes. Plusieurs employés, vaccinés avec le même lot de lymphe, ont présenté un ictère par la suite alors que ceux inoculés avec des lots différents ont été indemnes. Début 1970, les virus de l’hépatite A et B sont formellement identifiés. Puis quelques années après, en 1985, le virus de l’hépatite C est mis en évidence lors de transfusion de sang (78,79).

Eléments de clinique

L’hépatite B est une infection virale qui se transmet par le sang et les autres fluides corporels (sécrétions vaginales et sperme). La contamination est donc possible par des relations sexuelles non protégées, le partage d’objets de toilettes pouvant contenir des gouttelettes de sang (rasoir, coupe-ongles…), seringues et aiguilles non stériles. Il peut aussi y avoir une transmission d’une mère infectée à son enfant lors de l’accouchement (transmission materno-fœtale) concernant entre 725 et 1500 enfants par an.

La primo-infection par le virus est souvent inapparente mais peut se manifester par une jaunisse, une décoloration des selles, des maux de ventre, des nausées et vomissements, de la fièvre et de la fatigue.

Dans 90% des cas, l’hépatite B aiguë guérit spontanément chez les adultes. Dans 1 cas pour 1000, elle peut évoluer vers une hépatite fulminante mortelle dans 80 % des cas. Lorsque les adultes sont contaminés, pour 10% d’entre eux l’hépatite devient chronique et persiste pendant des mois voire des années ou même à vie. Par contre, lorsque les nouveau-nés sont contaminés, la chronicisation de l’infection atteint 90% des cas.

L’hépatite B chronique évolue lentement vers des lésions du foie pouvant entraîner une cirrhose ou un cancer du foie. Le traitement ne permet pas d’éradiquer le virus complètement, mais il permet de ralentir la progression de la maladie et d’éviter les complications (9,80,81)

Le vaccin

Histoire

Dès 1972, il a été mis en évidence que le sérum des sujets ayant guéri d’une hépatite B contenait des anticorps contre les antigènes Hbs (spécifiques du virus). Ces mêmes sérums pouvaient conférer une immunité protectrice vis-à-vis d’une contamination par ce virus. La recherche d’un vaccin a été difficile car le virus n’est pas cultivable. L’équipe de P. Maupas réussit à développer le premier vaccin en 1976. Ce dernier a été mis au point par purification de l’antigène Hbs venant de sérums et des plasmas des patients avec une hépatite B chronique.

Mais dès les années 1980 avec la découverte du VIH, tous les produits dérivés du sang ont été suspects. L’équipe de P. Tollais réussit en 1986 à créer un vaccin issu du génie génétique. L’antigène Hbs était produit sur des cellules de mammifères ou de levures (6).

Conséquences

La vaccination des adultes et adolescents à risque élevé d’infection par le VHB leur confère une protection individuelle. Cependant, une vaccination ciblée sur ces personnes à risque n’est pas suffisante pour agir de manière significative sur la circulation du virus.

Le seul moyen pour contrôler le virus est de maintenir sur le long terme une couverture vaccinale élevée chez les enfants et préadolescents. En 1992, l’Organisation Mondiale de la Santé préconise une vaccination universelle dans ces populations à tous les pays. En France, la vaccination du nourrisson a été introduite dans le calendrier vaccinal en 1995.

L’intérêt de la vaccination du nourrisson est justifié par différents éléments. Le vaccin est efficace, le taux de réponse est supérieur à 95 % et est plus élevé que chez l’adulte. Il y a une excellente tolérance (aucune atteinte neurologique chez l’enfant de moins de 2 ans déclarée à l’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé). La durée de protection est longue (> 15 ans) et pour le moment aucun rappel n’est nécessaire.
L’efficacité de la vaccination du nourrisson a été démontrée par l’expérience de Taiwan. Il s’agit en effet d’un pays où le taux d’hépatite B chronique est l’un des plus élevés au monde avec une très forte transmission périnatale.  Après 10 ans de vaccination, on note chez l’enfant une réduction de 80 % du taux de portage du VHB et une diminution de 75 % de l’incidence du cancer du foie. 

En France, la campagne de vaccination contre l’hépatite B a permis de réduire de manière très importante le nombre d’hépatites B fulminantes et la couverture vaccinale très élevée chez les professionnels de santé a fait pratiquement disparaître les contaminations des soignants par le virus (80,81).

La maladie de nos jours

En France

La surveillance de l’hépatite B aiguë symptomatique (c’est-à-dire les cas sévères) repose sur la déclaration obligatoire depuis 2003.

Entre 2003 et 2016, 1 661 cas d’hépatite B aiguë ont été déclarés. Le nombre annuel de cas déclaré diminue régulièrement depuis 2006 mais est en augmentation depuis 2013. Il est inférieur à 100 depuis 2010. Il est à noter une sous-déclaration majeure, estimée à 77% en 2013 et entre 85% et 91% en 2010.

Depuis 2010, pour pallier cette sous-déclaration, l’estimation de l’incidence de l’hépatite B aiguë symptomatique est réalisée à partir des enquêtes LaboHep. La dernière enquête l’a estimée à 291 en 2013, soit un taux d’incidence de 0,44 pour 100 000 habitants.
Cette estimation doit être interprétée avec prudence car elle ne concerne que les cas aigus symptomatiques diagnostiqués. L’infection aiguë peut être asymptomatique et se chroniciser. Ainsi le nombre total de nouvelles infections (symptomatiques et asymptomatiques) a été estimé à 1 092 cette année-là, soit un taux d’incidence de 1,7 pour 100 000 habitants. Les derniers résultats de l’enquête de 2016 évaluant la répartition des expositions à risque à partir des données de la déclaration obligatoire sont les suivants : exposition sexuelle (38,5%), voyage en zone d’endémie (21,5%), tatouage/piercing (5%), usage de drogue (4,6%)…    
On estime à 280 000 le nombre de personnes atteintes d’une hépatite B chronique. Chaque année près de 1 500 décès seraient liés à l’hépatite B (22,80,82,83).

Dans le monde

L’hépatite B est présente partout dans le monde. En 2015, l’Organisation Mondiale de la Santé estimait la prévalence mondiale à 3,5% dans la population générale. Cette prévalence varie selon les pays, elle est la plus élevée en Afrique (6,1%) et dans la région du Pacifique Occidental (6,2%).

En 2015, le nombre de cas d’hépatite B chronique était estimé à 257 millions. Le nombre de décès était estimé à 887 220 au niveau mondial (dont 337 454 à un cancer du foie, 462 690 à une cirrhose et 87 076 à une hépatite B aiguë).

La charge de morbidité associée au VHB résulte en grande partie d’infections contractées par les nourrissons suite à une exposition durant la période périnatale ou la petite enfance. La probabilité d’évolution vers une hépatite B chronique est alors plus grande. Entre la date d’introduction du vaccin (de 1980 à 2000 selon les pays) et 2015 la proportion d’enfants de moins de 5 ans atteints d’une infection chronique a chuté de 4,7% à 1,3%. Selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé, 14,2 millions de cas d’hépatite B chronique ont été évités grâce à la vaccination chez les enfants de moins de 5 ans jusqu’en 2013 (22).

Hépatite B
France
  • 2013 : Plus de 1000 hépatites B aiguës
  • 280000 personnes atteintes d'une hépatite B chronique
  • 1500 décès par an
Monde
  • 3.5% de la population mondiale atteinte d'une hépatite B en 2015
  • 257 millions de personnes pésentant une hépatite B chronique en 2015
  • Plus de 880000 décès secondaires à une hépatites B en 2015
Informations
  • Efficacité et tolérance excellentes du vaccin chez les nourrissons
  • Evolution  vers Hépatite B chronique plus fréquente chez les nourissons