Vaccination, aluminium et myofasciite à macrophages

L’aluminium est un élément chimique fréquent, il s’agit du métal le plus abondant sur terre. On le retrouve dans toute l’alimentation, y compris dans celle dite « bio ». Il est très présent dans les légumes et les céréales. On le retrouve aussi dans l’eau (0,2 mg/L dans l’eau potable).

On absorbe en moyenne chaque jour 3 à 5 mg d’aluminium par voie orale. La quantité d’aluminium contenue dans les vaccins est beaucoup plus faible, en moyenne 10 fois moins, soit 0,2 à 0,5 mg par vaccin et jamais plus de 0,85 mg (111,112).

La France fait l’objet de controverses relatives à la sécurité de l’aluminium utilisé dans de nombreux vaccins dans tous les pays du monde et ce depuis 1926 soit plus de 90 ans.

Cette polémique a pour origine les travaux d’une seule équipe dans le monde, française, qui publie sur ce sujet depuis 1998. La présence de granulomes (amas de cellules d’origine inflammatoires) à aluminium dans les muscles où sont injectés les vaccins était connue depuis 1982. L’Institut de veille sanitaire (InVS) a été alerté en 1997 suite à l’identification dans des biopsies musculaires d’une nouvelle entité histologique dénommée « myofasciite à macrophages ». Cette équipe tente d’établir un lien entre cette lésion histologique et divers symptômes comme la fatigue, les douleurs musculaires et articulaires ou les troubles cognitifs.

Les données de la littérature n’ont pas permis de démontrer l’existence d’un tel lien. Il est important de souligner qu’il s’agit d’une affection essentiellement française. La revue de la littérature en avril 2013 retrouvait 72 références concernant la myofasciite à macrophages dont 22 étaient issues de cette même équipe. Une de leurs publications datant de 2012 faisait état de 1000 cas en France. Ces cas ont été répertoriés par une seule association d’entraide aux malades de myofasciite à macrophages, et parmi eux 457 étaient suivis dans le même centre de référence dirigé par cette même équipe de recherche. De plus, il n’a été rapporté que des cas isolés dans les autres pays (113).

En 2003, Claire Anne Siegrist (membre de l’Académie Suisse des sciences médicales et du comité consultatif mondial de l’OMS pour la sécurité vaccinale) fait un rapport sur les adjuvants vaccinaux à l’Académie Française de médecine. Elle affirme que le profil de sécurité vaccinale des adjuvants à base de sels d’aluminium est tellement bon qu’ils ont longtemps été les seuls autorisés. Elle précise qu’à ce jour, les éléments disponibles indiquent que bien que l’aluminium vaccinal puisse persister au site d’injection pendant des années (il s’agit d’un « tatouage vaccinal »), ceci ne reflète pas l’existence d’une atteinte inflammatoire musculaire diffuse et n’est pas associé à une maladie systémique spécifique (89).

En 2004, l’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé (Afssaps) a émis une conclusion au cours d’un conseil scientifique après analyse des résultats d’une enquête épidémiologique. Il est affirmé que l’état actuel des connaissances permet de considérer que l’association entre l’entité histologique « myofasciite à macrophages » sur le site musculaire classiquement choisi pour la vaccination et l’administration de vaccins contenant un adjuvant aluminique est hautement probable. Cependant, on ne peut pas considérer qu’il existe une association entre cette entité et un syndrome clinique spécifique. Il a été conclu également que de manière générale aucun syndrome clinique spécifique n’est retrouvé associé à la vaccination avec des adjuvants aluminiques et qu’il n’y a pas de raison de remettre en cause la balance bénéfice-risque des vaccins avec des adjuvants aluminiques (114).

En 2013, le Haut Conseil de la Santé Publique a émis un rapport reprenant les mêmes conclusions. Il a été souligné dans leur rapport que cette symptomatologie n’est pas rapportée chez les nourrissons qui pourtant reçoivent proportionnellement plus d’aluminium provenant des vaccins en particulier dans les pays (Etats-Unis par exemple) qui ont, ou qui ont eu, des schémas vaccinaux comportant un plus grand nombre de doses. Il a été précisé que la toxicité cérébrale de l’aluminium à forte dose est un fait connu et est responsable de manifestations cliniques distinctes de celles décrites comme associées à la myofasciite à macrophages. Il est important de noter que rien ne montre que le profil de sécurité et l’efficacité d’autres adjuvants, qui sont ou ont été utilisés par le passé, leur confèrent une balance bénéfice-risque plus favorable que pour l’aluminium (113).

Des études ont été réalisées en pédiatrie. Ces dernières ne retiennent pas l’existence de ce syndrome, car elles ne retrouvent aucune corrélation entre les lésions histologiques et les signes cliniques manifestés par les enfants (qui sont différents de ceux des adultes, avec notamment une hypotonie, un retard de développement, un retard psychomoteur…). Dans ces publications, des études complémentaires sont proposées mais cela n’accrédite pas pour autant l’hypothèse de la pathologie. Le rapport bénéfice-risque est largement pour la vaccination, du fait de la faible incidence de cette entité histologique et de l’absence de lien avec un syndrome clinique spécifique (115,116).

Aluminium et Vaccination
Pas de syndrome clinique général spécifique associé à la vaccination avec les adjuvants aluminiques 
Pas de remise en cause de la balance bénéfique-risque des vaccins avec les adjuvants aluminiques