Cancérologie
Toxicité hépatique des inhibiteurs de checkpoints immunitaires : vers une prise en charge adaptée au phénotype ?
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Services : Médecine interne, Pharmacologie Médicale et Toxicologie, Hépato-gastro-entérologie A
Les inhibiteurs de checkpoints immunitaires ont désormais une place prépondérante dans l’arsenal thérapeutique de nombreux cancers (mélanome, carcinome hépatocellulaire, carcinome bronchique non à petites cellules…). De par leurs mécanismes d’action (anti PD1, anti CTLA4, anti PDL1) ils sont aussi à l’origine de nombreuses toxicités immuno-médiées. L’hépatotoxicité peut concerner jusqu’à 25% des patients selon le cancer traité et les combinaisons de traitement.
Les recommandations de prise en charge de ces hépatites sont basées sur la sévérité selon le grade CTCAE. Il est notamment préconisé de suspendre les inhibiteurs de checkpointsimmunitaires et d’instaurer un traitement corticoïde à partir du grade II.
Au CHU de Montpellier, depuis décembre 2018 une Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP ToxImmun) a été mise en place un lundi sur deux par le Docteur Alexandre Maria et le Professeur Xavier Quantin pour discuter de tous les dossiers de toxicité secondaires aux inhibiteurs de checkpoints immunitaires. Parmi les 479 dossiers discutés, 59 patients (12%) avaient une hépatite secondaire aux inhibiteurs de checkpoints immunitaires. L’intérêt du travail présenté repose sur la description de différents phénotypes d’hépatites : cytolytique, cholestatique ou mixte et les alternatives thérapeutiques qui peuvent en découler.
En effet, même si la majorité des patients ont reçu une corticothérapie, dans 25% des cas l’évolution de l’hépatite a été spontanément favorable sans traitement ou sous acide urso-désoxycholique seul ; il s’agissait essentiellement de formes cholestatiques. Autre information importante, pour environ 50% des patients le traitement par inhibiteurs de checkpoints immunitaires a pu être repris après résolution de l’hépatite avec une récidive à la reprise dans seulement 30% des cas.
Ces résultats suggèrent qu’une prise en charge adaptée au phénotype de l’hépatite pourrait être envisagée, contrairement à ce qui est actuellement préconisé qui repose uniquement sur le grade CTCAE.