Les questions les plus fréquemment posées
La vaccination est ouverte aux populations éligibles et peut être effectuée dans l'un des centres de vaccination.
Populations éligibles : voir le site solidarite-sante.gouv.fr
Les vaccins sont des préparations contenant des substances antigéniques destinées à induire une immunité active spécifique contre un agent infectieux donné (virus, bactérie, parasite)
Il existe 3 types de vaccins (6):
- Les vaccins vivants ou atténués :
Il s’agit d’agents infectieux entiers dont la virulence est réduite par culture. Ce type de vaccin est utilisé par exemple pour le ROR et le BCG. - Les vaccins tués ou inactivés :
Il s’agit d’agents infectieux entiers inaptes à la multiplication du fait d’un traitement physique ou chimique. Ce type de vaccin est utilisé par exemple contre la poliomyélite. - Les vaccins sous-unités :
Il s’agit d’antigènes spécifiques de l’agent infectieux obtenus après traitement ou après fabrication de novo. Ce type de vaccin est utilisé par exemple contre la diphtérie ou le tétanos avec les anatoxines ou bien contre le pneumocoque et le méningocoque avec les polysaccharides capsulaires.
Il est important de souligner que les véritables contre-indications à la vaccination sont rares. Parmi les contre-indications générales on peut noter une allergie connue à l’un des composants ou bien une réaction allergique lors d’une précédente injection. Pour les vaccins vivants (ROR, BCG, varicelle, zona, fièvre jaune) les états d’immunodépressions ou les déficits immunitaires contre-indiquent leur administration. Les vaccins tués ou inactivés ainsi que les vaccins sous unités n’ont pas d’autres contre-indications (84).
On peut citer un cas particulier pour la vaccination BCG. En effet, ce vaccin peut être responsable de BCGites qui peuvent être localisées ou bien disséminées :- Pour les formes localisées, dans les 3 mois après l’injection, il est habituel de voir apparaître au niveau du site une induration suivie d’une lésion locale pouvant s’ulcérer avec un écoulement quelques semaines plus tard et cicatriser après quelques mois, laissant une cicatrice plate. L’adénopathie (maladie du ganglion) régionale de taille < 1 centimètre même en l’absence de lésion locale est également une réaction prévisible et attendue de cette vaccination. Le taux est estimé à 0,67 à 1,23/1000 vaccinés. Il y a une sous-notification de ces effets car selon une enquête réalisée auprès de pédiatres et de médecins généralistes, ces complications localisées étaient constatées par la moitié de ces médecins. L’évolution se fait dans la quasi-totalité des cas vers la guérison spontanée. Une incision chirurgicale est rare.
- Pour les formes généralisées, la fréquence de survenue est très rare de l’ordre de 2 à 5 par million de vaccinés. Cette complication concerne dans la quasi-totalité des cas des nourrissons avec un déficit immunitaire non encore diagnostiqué (85,86).
La protection individuelle
Le principe de la vaccination est de simuler une infection sans les dangers de la maladie. Le système immunitaire reconnait l’agent pathogène rendu inoffensif et fabrique des anticorps contre ce dernier pour le neutraliser et l’éliminer. Ainsi grâce à ces anticorps, si la personne vaccinée rencontre le vrai germe, le système immunitaire le reconnaîtra directement et rapidement et l’éliminera donc avant qu’il puisse la rendre malade. Ces antigènes vaccinaux injectés sont reconnus par les mêmes cellules que pour les antigènes environnementaux, que ce soit par voies respiratoires, digestives ou autres. C’est ce qu’on appelle la protection individuelle.
Tous les vaccins n’ayant pas la même efficacité et la même durée de protection (variant de quelques années à des protections à vie), des rappels sont nécessaires pour que les patients soient toujours protégés.
Il est à noter que les vaccins destinés aux nourrissons ont tous des efficacités > 95% (sauf la coqueluche qui avoisine les 90%), cela signifie que moins de 5% des vaccinés ne sont pas protégés par cette protection individuelle, d'où la nécessité d'une protection collective (87).
Dimension altruiste et civique de la vaccination: La protection collective
La vaccination permet également de protéger les autres personnes qui nous entourent. En effet, une personne vaccinée, en plus de ne pas développer la maladie, va empêcher la transmission du germe. Elle prévient la multiplication de l’agent pathogène et permet ainsi d’éviter de contaminer d’autres personnes qui pourraient à leur tour transmettre la bactérie ou le virus concerné. Plus la population est vaccinée, plus on réduit la circulation du germe et plus on réduit le nombre de cas chez les vaccinés et non vaccinés. La personne vaccinée fait comme un écran contre le germe vis-à-vis de la population.
Pour avoir une protection collective efficace qui permet un arrêt complet de la transmission voire une éradication de l’agent pathogène il faut une couverture vaccinale suffisante. Cette dernière dépend de la contagiosité de la maladie. Pour l’évaluer, il faut déterminer le seuil d’immunité de groupe « I » (seuil permettant d’avoir un nombre constant de cas au cours du temps c’est-à-dire où 1 personne contamine en moyenne 1 personne) qui se calcule à partir du taux de reproduction « Ro » (nombre moyen de personnes que contamine un sujet malade dans une population réceptive) selon la formule I=1 – 1/Ro. Si le niveau d’immunité dans la population est supérieur à cette valeur, chaque malade contaminera en moyenne moins de 1 personne. La maladie finira donc par être éliminée car le nombre de cas diminue à chaque génération. Dans le cas contraire où le niveau d’immunité est inférieur à cette valeur, la maladie devient épidémique: le nombre de cas augmente à chaque génération car 1 personne contaminera en moyenne plus de 1 personne (87).
Par exemple, pour la rougeole, le taux de reproduction est de 16, ainsi le seuil d’immunité de groupe est donc de 94% (I = 1 - 1/16 = 1 - 0,06 = 0,94). La couverture vaccinale doit donc être d’au moins 95 % afin de diminuer le nombre de cas pour que chaque malade contamine alors moins d’une personne à chaque génération de cas.
Certaines catégories de personnes ne sont protégées que par cette protection collective. Il s’agit du versant altruiste et civique de la vaccination. Il s’agit en général de nourrissons trop jeunes pour être vaccinés, des personnes qui présentent une contre- indication à la vaccination (immunodéprimés), les personnes qui ne sont pas protégées malgré la vaccination (perte au fil du temps de la protection vaccinale, pas de réponse du système immunitaire…) ou bien les enfants et adultes qui ne sont pas vaccinés par choix.
Ces derniers bénéficient de la protection collective sans y avoir participé et sans en partager les contraintes. Cet effet de protection présente néanmoins quelques limites. En effet, si la couverture vaccinale n’est pas suffisamment élevée dans le temps pour faire disparaître la maladie, il restera des malades dans la population et les personnes non protégées pourront être un jour contaminées. Elles feront la maladie à un âge plus tardif que lorsque l’agent pathogène circulait librement. Certaines maladies ont un effet plus grave lorsqu’elles sont contractées à un âge avancé. De plus lorsque les sujets non protégés quittent l’environnement protecteur ils sont susceptibles d’être infectés. Ces risques disparaissent totalement lorsque la couverture vaccinale est suffisante pour stopper la circulation du microbe (87).
Exemples
Dans la coqueluche, l’immunité collective est utilisée dans la stratégie du cocooning. L’immunité due à la vaccination comme celle due à la maladie ne protège que durant quelques années. C’est pour cette raison que malgré une couverture vaccinale élevée chez les nourrissons, la bactérie continue à circuler. La première injection débute à 2 mois et une protection élevée n’est obtenue seulement qu’au bout de la deuxième injection soit à 4 mois. Pour protéger ces très jeunes nourrissons, tranche d’âge où les complications sont les plus graves, la vaccination est recommandée à toutes les personnes en contacts étroits et répétés avec ces nourrissons. Pour mémoire, 2/3 des contaminateurs sont les parents ou la fratrie. Cette stratégie permet de diminuer de 50 % le risque de coqueluche lors des premiers mois de vie.
La vaccination contre la rubéole permet de protéger les femmes enceintes. En effet, cette maladie n’est pas grave chez l’enfant mais entraîne un risque accru de malformations congénitales chez les femmes enceintes. La vaccination de toute la population (quel que soit le sexe) permet de limiter la circulation du virus, car avant cette disposition les hommes étaient le principal réservoir du virus. Cette stratégie a été adoptée car il existe un vaccin combiné avec la rougeole qui est une maladie avec des conséquences pour les 2 sexes et le profil de sécurité vaccinal est excellent. Ainsi, vacciner les garçons est un geste altruiste qui ne comporte pas de risque et n’engendre pas de contraintes supplémentaires.
Pour les oreillons, le seuil d’immunité de groupe est de 87 %, or la couverture vaccinale est de 90%. De ce fait, la maladie a pratiquement disparu en France. La quasi interruption de la circulation du virus permet aussi de protéger les jeunes adultes ayant perdu leur protection vaccinale acquise lorsqu’ils étaient nourrissons ; la vaccination contre les oreillons n’entraînant pas une protection à vie.
Pour la rougeole, le seuil d’immunité de groupe est de 94%. La couverture vaccinale n’est que de 90% à l’âge de 2 ans. Cette couverture trop faible ainsi qu’un rattrapage insuffisant dans les autres catégories d’âge n’ayant pas été vaccinées dans l’enfance sont à l’origine de résurgences épidémiques. Les données épidémiologiques de ces épidémies montrent un déplacement de l’âge des cas qui sont plus âgés. En effet, initialement ces personnes ont grandi dans un environnement où le virus circulait trop peu pour rencontrer un cas et ainsi développer la maladie aux mêmes âges qu’avant la vaccination. Le problème est que le taux de complications en particulier neurologiques est plus élevé chez l’adulte que chez l’enfant de plus de 1 an. Atteindre une couverture vaccinale d’au moins 95% permettrait d’éliminer le virus mais également de protéger ceux qui ne peuvent être vaccinés (nourrissons de moins de 1 an car le vaccin n’est alors pas encore efficace et les immunodéprimés où il est contre-indiqué). Lors de l’épidémie de 2008-2012, 7% des cas ont concerné des nourrissons de moins de 1 an (1670 cas) et parmi les 10 décès, 7 ont concerné des personnes immunodéprimées. Ces cas auraient pu être évités en stoppant la circulation du virus via une couverture vaccinale suffisante.
Le tétanos est l’exception à cette protection collective. En effet, il n’y a pas de transmission interhumaine mais via la terre souillée par des spores tétaniques. Une personne non vaccinée n’est aucunement protégée du fait que le reste de la population le soit (87).
Les maladies attendues
Il est important de distinguer les maladies dites attendues avec une incidence naturelle et celles qui sont réellement favorisées par la vaccination. En effet, il peut y avoir une association temporelle due au hasard entre la vaccination et le début d’une pathologie.
Par exemple au début des années 1990 en France, il a été recommandé de vacciner les adolescents contre l’hépatite B. La promotion a été si forte que rapidement 20 millions d’individus en ont bénéficié, principalement des adolescents et jeunes adultes, dépassant ainsi la population cible. Quelques années plus tard des associations temporelles entre ce vaccin et des cas de sclérose en plaques ont été suffisantes pour alimenter la controverse sur la sécurité vaccinale, sans aucune preuve de causalité. En effet, cette pathologie débute le plus souvent dans ces catégories d’âge où le nombre de personnes vaccinées a été très important. Bien qu’aucune causalité ne soit prouvée, la confiance en ce vaccin est depuis difficile à obtenir.
Une étude américaine, utilisant des données de la population californienne, a évalué le risque d’association temporelle fortuite avec un placebo administré à J0, à 1 mois et à 6 mois (schéma vaccinal de l’hépatite B) et des maladies. Ces données ont été analysées jusqu’à 6 semaines après chaque injection. Ce délai correspond à un intervalle de temps où une immunisation antérieure par un vaccin serait considérée comme un évènement déclencheur ou précipitant.
Pour la sclérose en plaques, les résultats ont montré par exemple une incidence naturelle pouvant aller jusqu’à 1 pour 100 000 chez les adolescentes et de 3 pour 100 000 chez les jeunes adultes à 6 semaines (88,89). Ces résultats mettent donc en évidence une fréquence élevée de cette maladie dans ces catégories d’âge et permettent donc de comprendre le risque élevé d’avoir une association fortuite dans ces populations à l’échelle nationale et mondiale. Le nombre de cas de sclérose en plaques après vaccination est comparable à celui mesuré lorsqu’il n’y a pas eu de vaccination à savoir 3 pour 100 000 (89).
Sclérose en plaques et Vaccin Hépatite B |
Incidence sans vaccination = Incidence avec vaccination = 3 / 100000 (jeunes adultes) |
Les maladies favorisées par les vaccins
Certaines maladies sont réellement favorisées par les vaccins et elles correspondent dans ce cas à des complications vaccinales. Bien qu’elles existent, il ne faut pas oublier que les maladies sauvages (contre lesquelles les vaccins nous protègent) sont responsables des mêmes complications avec une fréquence majorée.
En prenant l’exemple du purpura thrombopénique immunologique (baisse des plaquettes entraînant des tâches rouges sur tout le corps et les muqueuses), après une vaccination contre la rougeole et la rubéole, le risque de cette complication est estimé à 1/30 000. Après une infection par le virus de la rougeole ce risque est estimé à 1/6 000 soit 5 fois plus fréquent qu’après le vaccin. Après une infection par la rubéole il est estimé à 1/3 000 soit une fréquence 10 fois supérieure qu’après la vaccination ROR (89). Les traitements reposent sur des corticoïdes ou un traitement par immunoglobulines.
Purpura Thrombopénique Immunologique | Après vaccination ROR | Après rougeole "sauvage" | Après rubéole "sauvage" |
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Risque | 1 /30000 | 1/6000 Risque multiplié par 5 | 1 / 3000 Risque multiplié par 10 |
En prenant l’exemple des syndromes de Guillain Barré (maladie neurologique inflammatoire du système nerveux périphérique), les cas post-vaccinaux surviennent le plus souvent chez l’adulte surtout après une vaccination antitétanique, antigrippale ou antipoliomyélitique orale. Il s’agit certainement d’un phénomène d’hyperimmunisation.
C’est une maladie rare, potentiellement grave, avec une incidence annuelle estimée à 2,8 cas pour 100 000 habitants. Les traitements principaux sont les échanges plasmatiques ou les immunoglobulines. Ils permettent une amélioration progressive des symptômes car la gaine de myéline se reconstruit peu à peu. Dans la majorité des cas, les personnes récupèrent leurs capacités physiques en 6 à 12 mois. La récupération est le plus souvent complète, néanmoins environ 10% des patients conservent des séquelles plus ou moins importantes (perte sensibilité au toucher, persistance de fourmillements, faiblesse musculaire). Le nombre de décès est estimé à 5% (90).
Un lien de causalité doit être envisagé s’il survient dans les 6 semaines après une vaccination. Dans le cas du vaccin antigrippal, une étude récente canadienne a montré qu’il survenait avec une fréquence estimée à 2 doses pour 1 million de vaccinés. Toutefois, des syndromes de Guillain Barré surviennent également après une infection par le virus de la grippe. L’incidence est alors estimée de 4 à 7 cas pour 100 000 grippés soit 20 à 50 fois plus élevée qu’après la vaccination. De plus, le nombre d’hospitalisations pour grippe est estimé à 1 700 par an en France (89–92).
Syndrome de Guillain Barré |
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Incidence après la grippe est 20 à 50 fois plus élevée qu'après la vaccination anti-grippe |
Synthèse
Après analyse de ces différents résultats on peut voir que d’une part les vaccins n'ont pas d'incidence sur les maladies attendues. D’autres part, certaines maladies peuvent apparaître suite à une vaccination tout comme elles peuvent apparaître lorsqu'on contracte la maladie sauvage mais toujours avec une fréquence et une virulence plus faible.
Pour déclarer un potentiel effet secondaire lié à un médicament il est possible de s’adresser à un professionnel de santé qui le signalera aux services de pharmacovigilance.
Les patients et les associations de patients peuvent également le déclarer depuis juin 2011 sans avoir à passer par un professionnel. Depuis mars 2017, il est possible de déclarer directement un effet indésirable sur le site du ministère de la santé.
Il est important de souligner qu’une notification n’implique pas l’imputabilité. Or beaucoup de rumeurs sont basées sur cette ambigüité (89).
La réparation des risques vaccinaux ne signifie pas qu’il y ait une responsabilité du vaccin. La tendance internationale est en faveur de programmes d’indemnisation des victimes d’immunisation même en l’absence d’un lien de causalité. Cela ne veut pas forcément dire qu’il y ait une responsabilité des vaccins. En effet, on peut être considéré comme juridiquement responsable sans qu’il y ait eu faute. De plus, un jugement peut considérer un lien temporel suffisant au bénéfice de la victime sans qu’il y ait un lien de causalité démontré. De manière générale, en tribunal administratif le doute bénéficie toujours à la victime au vu des conséquences des pathologies sur la qualité de vie.
En France, la jurisprudence établie par le Conseil d’Etat (arrêt Bianchi du 9 avril 1993) a permis l’indemnisation des accidents médicaux non fautifs graves survenant à l’hôpital. La loi Kouchner du 4 mars 2002 (loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé) permet la réparation des risques sanitaires qu’ils surviennent à l’hôpital ou en médecine libérale en cas d’aléa thérapeutique (sans responsabilité des professionnels et des établissements) (89).
Pour toutes ces raisons évoquées, la confusion entre réparation et responsabilité est fréquente aussi bien dans le corps médical que pour le grand public. D’autant que certaines affaires sont très médiatisées. Par exemple une secrétaire médicale a été indemnisée en décembre 2017 par l’Etat pour avoir développé une myofasciite à macrophage dans les suites d’une vaccination obligatoire de l’hépatite B. Le lien de causalité scientifique n’est pourtant absolument pas démontré mais le lien temporel a été jugé comme suffisant. Comme il s’agit d’un jugement par le tribunal administratif, le doute bénéficie à la victime. D’autres indemnisations sur les mêmes principes ont eu lieu pour des patients atteints de sclérose en plaques dont le début des symptômes est apparu peu de temps après une vaccination par l’hépatite B. Ces décisions ne sont fondées que sur du droit et non sur la science ou la médecine.
Les maladies aiguës banales ne constituent pas une contre-indication à la vaccination. Le report de la vaccination est seulement préconisé pour ne pas rajouter de l’inconfort aux enfants malades et pour ne pas perturber la surveillance de la maladie par les réactions secondaires éventuelles des vaccins (fièvre, pleurs, grognon, douleurs, courbatures, maux de tête, perte d’appétit).
Ces maladies bénignes si elles sont répétitives ne doivent donc pas retarder l’application du calendrier vaccinal. Il existe toujours des intervalles libres possibles. Un enfant en crèche faisant des infections ORL à répétition doit être particulièrement et rapidement vacciné car il est plus exposé et fragile (89).
L’amélioration des conditions d’hygiène, l’assainissement, la qualité de l’eau, la nutrition (allaitement, alimentation équilibrée) ne suffisent pas à arrêter à eux seuls la propagation des maladies infectieuses, même si historiquement elles y ont contribué. En effet, l’amélioration de ces paramètres a permis une réduction de la mortalité pour certaines maladies avant même le début de la vaccination. Cependant le meilleur indicateur pour évaluer l’efficacité vaccinale n’est pas le nombre de décès mais le nombre total de personnes infectées. En prenant ces données, on voit bien que l’introduction de la vaccination est suivie d’une diminution voire dans certains cas d’une disparition de la maladie. De plus, beaucoup de pathologies infectieuses se propagent de manière indépendante aux conditions d’hygiène.
Aucune méthode dite naturelle telle qu’un régime alimentaire sans intolérance vraie, l’homéopathie, les médecines parallèles et autres ne déclenche la production d’anticorps. Or, il s’agit de l’élément fondamental et essentiel pour une protection efficace. Seule la vaccination le permet avant de rencontrer le germe pathogène et ainsi assurer une défense efficace sans risquer les complications liées à la maladie.
En prenant l’exemple du Japon, en 1975 le programme de vaccination contre la coqueluche est suspendu à la suite d’effets secondaires graves mais rares (vaccin à germes entiers à l’époque). La couverture vaccinale s’effondre et le nombre de malades passe de 373 en 1974 à plus de 13 000 en 1979. En 1981 le programme de vaccination reprend (vaccins acellulaires disponibles) avec une diminution rapide du nombre de cas. Pendant cette période d’arrêt du programme vaccinal, les conditions d’hygiène n’ont pas été modifiées. De plus la coqueluche est une maladie à transmission aérienne et le réservoir est l’Homme. On voit bien ici les effets de l’introduction puis du retrait et de la réintroduction du vaccin (89,93,94).
Dès la naissance, le nouveau-né est protégé par les anticorps maternels. A partir de 2 à 4 mois, ces derniers commencent à diminuer. L’allaitement peut apporter une protection passive mais qui reste partielle et insuffisante. L’exposition sociale est également grandissante que ce soit par la famille ou ensuite lors de la garde du nourrisson (crèche, nourrice) avec la reprise du travail des parents. Le risque infectieux est donc présent dès le plus jeune âge. Plus les nourrissons sont jeunes et plus les infections ont des conséquences importantes en termes de morbidité et de mortalité. Attendre pour les protéger entraîne une augmentation du risque de présenter des complications plus graves. L’allaitement ne change rien à cela (89).
Exemple du vaccin contre l’hépatite B: Cette maladie concerne surtout les adultes jeunes et les principaux modes de transmission se font par contact sanguin ou les relations sexuelles. Vacciner les nourrissons peut paraître déroutant. Toutefois plusieurs arguments sont en faveur d’une telle approche. En effet, l’efficacité est excellente, le taux de réponse sérologique est supérieur à 95% et est plus élevé que chez l’adulte. La durée de protection est longue (probablement à vie). Cela permet également d’améliorer la couverture vaccinale car la vaccination des enfants est mieux suivie que celles des adolescents et des adultes. L’hépatite B qui est rare chez l’enfant, devient cependant plus fréquemment chronique que chez l’adulte. Le vaccin étant combiné dans le vaccin dit « hexavalent » (protégeant contre 6 maladies), il n’y a pas d’injection supplémentaire à prévoir. De plus le profil de tolérance est excellent et aucune notification d’une atteinte neurologique dans les délais pouvant impliquer une relation de cause à effet, n’a été notifiée chez l’enfant de moins de 2 ans à l’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé. Ainsi on évite également de vacciner des adolescents et des jeunes adultes ce qui permet de ne pas avoir d’association temporelle fortuite (sans lien de causalité) avec une sclérose en plaques débutante. Le risque étant alors de relancer les polémiques médiatiques et de voir diminuer la couverture vaccinale (81,89,95).
Charge immunitaire naturelle
La stimulation antigénique est indispensable à la vie. Quotidiennement nous rencontrons des antigènes contre lesquels notre organisme réagit sans que nous en ayons conscience. Par exemple, lorsque le nouveau-né traverse les voies génitales de la mère (contenant beaucoup de germes), il y a une meilleure adaptation que lorsqu’il naît par césarienne (stérilement). A la naissance, le nouveau-né est colonisé par des germes de l’environnement. Ces germes sont inoffensifs et cette stimulation immunitaire est primordiale au développement des défenses de l’enfant. Cette charge immunitaire naturelle est beaucoup plus importante que la charge immunitaire vaccinale lors de l’introduction d’antigènes dans notre organisme par les vaccins (89,96).
Charge immunitaire vaccinale
La charge antigénique vaccinale des 2 premières années de vie a considérablement diminué en 50 ans. Auparavant, le vaccin contre la variole contenait à lui seul 200 antigènes. En 1960, le nombre d’antigènes dans les vaccins obligatoires était supérieur à 6700. De nos jours, en comptant les 11 vaccins obligatoires, la charge antigénique est inférieure à 100. Les vaccins sont plus purifiés et ne comprennent que les antigènes les plus immunogènes nécessaires, ce qui en améliore l’efficacité et diminue les évènements réactogènes (89,96).
Les nouveau-nés sont capables d’avoir une réponse immunitaire dès les heures qui suivent la naissance. Par exemple, ceux vaccinés dès la naissance contre l’hépatite B lorsque leur mère est infectée ont une excellente réponse immunitaire. Les jeunes nourrissons sont capables d’avoir une réponse immunitaire protectrice active à plusieurs vaccins simultanément. En effet, au moins 90 % développent des réponses actives aux séries primaires administrées à partir de 2 mois. Une étude américaine a montré que le système immunitaire des enfants pouvait répondre à 10 000 vaccins à la fois. Si 11 vaccins étaient administrés simultanément en une seule injection alors 0,1 % de leur système immunitaire serait mobilisé (96).
La vaccination n’affaiblit pas non plus le système immunitaire. Les enfants vaccinés ne courent pas plus de risque d’infections ultérieures avec d’autres agents pathogènes que les enfants non vaccinés. En Allemagne, une étude portant sur 496 enfants vaccinés et non vaccinés a montré que ceux vaccinés au cours des 3 premiers mois de vie (diphtérie- tétanos-poliomyélite-coqueluche-haemophilus influenzae b) avaient moins d’infections que les non vaccinés. Ces résultats étaient pertinents pour les infections associées aux vaccins ou non.
Les infections bactériennes et virales prédisposent les enfants et adultes à des infections invasives sévères à d’autres pathogènes. Par exemple, les patients atteints de grippe sont plus susceptibles de développer une pneumonie à pneumocoque. La vaccination permet d’éviter ce genre de complications (96,97).
Les adjuvants sont des molécules inertes qui exercent une activité immunostimulante non spécifique, sans être elles-mêmes immunogènes. Ces molécules ne sont pas toxiques et sont stables chimiquement. Les plus utilisés sont à base de sels d’aluminium. Les adjuvants sont essentiels pour les vaccins inactivés et les vaccins sous-unitaires. Le but est de retenir les antigènes suffisamment longtemps au point d’injection et ainsi de potentialiser la réponse immunitaire. Ceci permet d’obtenir des titres plus élevés d’anticorps avec une quantité plus faible d’antigènes et un plus petit nombre de doses (6).
Les vaccins inactivés ou sous-unitaires sont inoffensifs pour le fœtus. Les vaccins vivants atténués sont déconseillés pendant la grossesse même si aucune étude n’a montré de conséquences pour le fœtus. Avant injection de ce type de vaccin chez les jeunes femmes en âge de procréer il faut s’assurer de l’absence de grossesse et d’une contraception efficace pendant les 3 mois suivant chaque injection. Une injection réalisée lors d’une grossesse non connue ne justifie pas son interruption (84,98).
Les vaccins sont obtenus via des industries de hautes technologies. Cela permet d’obtenir des produits de haute qualité, efficaces, sécurisés et peu réactogènes. Tout vaccin homologué a subi des tests rigoureux lors des multiples phases d’essais avant son homologation et il est réévalué régulièrement après la mise sur le marché.
En France il existe plusieurs contrôles institutionnels à savoir l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), le comité technique des vaccinations (CTV) et la pharmacovigilance. Les sociétés savantes de pédiatrie et d’infectiologie (GPIP-SFP, SPILF) veillent et émettent également des avis parfaitement indépendants de l’industrie et des institutions (89,93)
Un des laboratoires producteurs de vaccins estime que la vente de ceux-ci représente environ 13,5 % de son chiffre d’affaires annuel en 2016. L’extension de l’obligation vaccinale en 2018 a eu un impact financier limité puisque 70% des enfants étaient déjà vaccinés par les 8 vaccins supplémentaires jusque-là recommandés (94).
Se vacciner permet de se protéger (en l’absence de contre-indication comme les états d’immunodépression pour les vaccins vivants ou atténués) mais également de protéger ceux qui nous entourent. Seule une couverture vaccinale suffisante permettra d'arrêter la propagation de l'agent pathogène (sauf pour le tétanos).
La réussite d'un programme vaccinal dépend de la coopération de chaque personne pour garantir le bien-être de tous.
Nous vous présentons une synthèse pour contrecarrer des idées reçues mais qui s’avèrent être fausses.
Synthèse Vaccination |
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Vaccination = Protection Individuelle + collective |
Diminution de la charge antigénique des 2 premières années de vie :
Alors qu'en :
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Les nourissons sont capables d'avoir une réponse immunitaire protectrice à plusieurs vaccins simultanée (11 vaccins administrés en 1 injection mobiliseraient 0,1% du système immunitaire) |
Vaccination = Protection spécifique contre une maladie mais aussi contre les complications infectieuses sévères Exemple : Diminution des pneumonies à pneumocoques post-grippe |
Vaccination = Stimulation du système immunitaire > les enfant vaccinés ont moins d'infections que les enfants non vaccinés (infections associées ou non aux vaccins) |
Adjuvant = Molécule non toxique immunostimulante |