INFO PATIENT
Manger équilibré, ce n’est pas faire un régime, c’est essayer d'équilibrer ses repas au quotidien !
Publié le
Service : Médecine Vasculaire
Il enchaine les visites. Et plusieurs fois par jour, le diététicien dévale l’escalier reliant le rez-de-chaussée au premier étage qui correspond à l’hospitalisation de semaine et à l’hospitalisation complète. Xavier Lavaill est diététicien. Il travaille au sein de l’hôpital St-Eloi de Montpellier depuis quinze ans.
Aujourd’hui, il intervient dans le service de médecine vasculaire mais aussi en médecine interne et complications somatiques des addictions, sur la réanimation digestive et dans le service de lymphologie. « Les profils de patients sont très variés, surtout en vasculaire où les pathologies peuvent être différentes », explique-t-il. C’est là, dans le service du docteur Sandrine Mestre qu’il organise un atelier collectif fixe d’une heure tous les mercredis. « Je travaille sur l’équilibre alimentaire avec les patients qui sont là sur la semaine pour les traitements intensifs », raconte Xavier. « En traitement intensif, je ne les vois qu’une seule fois mais quelques fois je les revois d’une année à l’autre, d’un traitement à l’autre, puisqu’ils viennent ici une fois par an. Je vois également les patients qui sont hospitalisés en médecine vasculaire complète. J’ai leur dossier médical, je les vois une fois ou plus s’ils ont besoin que j’affine certaines données et certains points précis de leur équilibre alimentaire ».
Mon premier objectif est de les conseiller en matière d’équilibre alimentaire. Mais je casse aussi les idées reçues, lues à droite à gauche, sur internet, les réseaux sociaux et qui n’ont aucune valeur scientifique. Ainsi, de fausses idées circulent notamment sur le gluten, le lactose ou les matières grasses (manger sans…). En réalité, il n’y a aucune recommandation française qui va dans ce sens. Je pars donc de ce constat puis je leur explique ce que signifie privilégier un équilibre alimentaire en parlant des dernières recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS).
Alimentation et activité physique sont indissociables pour perdre du poids :
« Je n’aime pas faire de cours magistral. Je préfère échanger avec les patients. Le fait qu’ils soient plusieurs lors des ateliers favorise une bonne interaction. Les échanges s’enrichissent au fil de la discussion. Dans les petites semaines, il peut y avoir trois patients et parfois je peux en avoir sept, lorsque des parents accompagnent leurs enfants. Lorsque je m’adresse à un patient atteint d’un lymphœdème, mon discours est ciblé : il faut manger varié et équilibré - mais je dirai que c’est valable pour tout le monde ! - et limiter la prise de poids. Les personnes en surpoids doivent essayer d’en perdre un peu en mangeant mieux mais, surtout, j’insiste sur l’activité physique. L’un (l’alimentaire) sans l’autre (bouger davantage), ce n’est pas assez efficace. Quelle que soit l’activité, sportive, jardinage, bricolage ou la marche tout simplement, faire bouger son corps est bon. Comme je l’ai déjà dit, c’est valable aussi pour les personnes en bonne santé. Je commence donc par poser les bases puis j’incite les patients lorsqu’ils ont besoin d’enclencher la démarche, à être suivi par un diététicien à l’extérieur. Parce que seul, c’est compliqué de trouver le bon rythme. Accompagné, suivi lors de plusieurs séances rapprochées, au début tout du moins, le patient arrive à (re)trouver du plaisir à manger équilibré. Ce n’est pas en m’ayant vu une fois que ça va suffisamment les aider. Car il faut bien se dire que manger équilibré, ce n’est pas l’affaire d’un mois. Ni de plusieurs semaines. Ce n’est pas faire un régime. Non, manger bien, c’est équilibrer du mieux possible ses repas tout au long de sa vie, martèle le diététicien. »
Les conseils du diététicien :
L’équilibre alimentaire se calcule sur la semaine. C’est important de pouvoir se faire plaisir, sachant qu’on a toute la semaine pour équilibrer ses repas. L’idée est de ne pas être trop strict avec soi-même au risque de tomber dans la frustration. Ce qui est bien pire. Il y a un moment où on en a marre de faire attention et on fait n’importe quoi. Et, là, on obtient l’effet inverse.
Le repas idéal :
- Beaucoup de légumes, au moins la moitié de l’assiette,
- une portion de féculents,
- protéines animales ou végétales (légumineuses sèches : lentilles, haricots rouges, blancs, soja…),
- un produit laitier : soit un laitage soit un morceau de fromage,
- un fruit.
De la matière grasse pour cuisiner
Les desserts :
Comme le fromage est très salé, il fait partie des aliments qu’il vaut mieux limiter. Mais l’équilibre alimentaire se faisant sur la semaine entière, on peut alterner. On s’offre du fromage deux fois de suite, puis on en mange beaucoup moins voire plus du tout les autres jours de la semaine. C’est la même chose pour les pâtisseries. On peut se faire plaisir de temps en temps, deux fois par semaine par exemple, mais pas davantage. Et on évite de cumuler trop de fromage et de desserts sur une même semaine car il y aura excès. C’est une question de bon sens.
Les boissons : le « moins on boit d’alcool, le mieux c’est !»
L’alcool apporte des calories « creuses » qui ne servent à rien à notre organisme.
Le mieux c’est l’eau ! C’est la seule boisson indispensable. Au moins 1 litre et demi par jour.
Propos recueillis par Laurence Toulet Delaporte